Robert Tisseuil

Publié le 26/01/2022

Depuis 1968, Robert Tisseuil met toute son énergie au service de son club, l’Etoile Sportive de Lesterps qu’il s’efforce de faire vivre au sein de cette charmante petite commune rurale, nichée au Nord-Est de la Charente.

Quel âge aviez-vous lorsque vous avez décidé de chausser les crampons ?
Robert Tisseuil : J’ai pris ma première licence à 17 ans, j’ai joué durant deux saisons et j’ai vite pris conscience que je ne ferai pas une grande carrière de footballeur. Alors, afin de me rendre utile et comme le club était en infraction, j’ai accepté de devenir arbitre officiel. Puis j’ai intégré le bureau et commencé par encadrer les jeunes (les cadets à cette époque-là).

Comment s’est déroulée la suite de cette belle histoire ?
Robert Tisseuil : J’ai officié comme arbitre officiel pendant 10 ans en 3ème division et parfois comme arbitre de touche en Régional. Je m’occupais des jeunes en parallèle le dimanche matin, je devais donc très vite partir pour aller arbitrer l’après-midi. J’ai également été responsable de l’équipe B puis de la A.De 1978 à 1998 j’ai assuré le secrétariat pour finalement accepter le poste de président que j’occupe toujours aujourd’hui, depuis 24 ans. J’ai également en charge le fonctionnement de la buvette.

Vous n’avez pas l’impression d’avoir assumé voire cumulé différentes fonctions, est-ce le quotidien des petits clubs ruraux ?
Robert Tisseuil : Il est vrai que dans une petite commune rurale, de moins de 500 habitants, les candidats pour la prise de responsabilités sont moins nombreux. Il ne faut pas compter son temps ni son énergie, ce qui amène à être un peu multitâches, en effet.

Quels sont les autres facteurs à prendre en compte en milieu rural ?
Robert Tisseuil : Déjà l’éloignement. Non seulement nous sommes situés en milieu rural mais aussi assez excentrés dans le département, ce qui occasionne des déplacements plutôt lointains. Il est de plus en plus difficile de recruter de nouveaux joueurs surtout actuellement avec nos campagnes un peu désertées. L’avantage cependant, c’est que nos déplacements en bus toujours pleins, agrémentés d’un petit repas nous ont permis de découvrir la Charente et de créer une bonne ambiance et de la convivialité.

De 1968 à aujourd’hui qu’est-ce qui a changé sur le plan sportif ?
Robert Tisseuil : Notre club a fêté ses 80 ans en 2021. Nous avons compté jusqu’à 3 équipes seniors, évoluant pour l’équipe A en 3ème division et plusieurs équipes jeunes. A partir de 2005 nous avons débuté les ententes tout d’abord avec St Christophe et depuis 2017 avec Brigueuil. Le club compte aujourd’hui 23 licenciés avec autant de dirigeants que de joueurs. Ce sont les joueurs d’il y a 20 ans qui sont devenus dirigeants mais je ne suis pas sûr que ceux d’aujourd’hui en fassent autant un jour.

Et du côté des comportements et des mentalités ?
Robert Tisseuil : Il me semble que c’était plus facile. Les gens faisaient preuve de plus de respect, il y avait moins de contestations. A part le football, très peu de disciplines étaient proposées aux jeunes. Ils étaient assidus, le football passait avant tout… y compris les repas de famille, les anniversaires…Ils étaient aussi plus attachés à leur club.

Quelle a été votre motivation et votre secret de longévité tout au long de ces années ?
Robert Tisseuil : Occuper les jeunes, faire vivre ce club où il règne une bonne entente et animer ma commune. J’ai d’ailleurs effectué 5 mandats comme adjoint au maire et un comme maire dans le même but. J’avais envie de me rendre utile, de côtoyer des personnes, de m’engager alors même que je n’avais aucun exemple de bénévolat dans ma famille. Je pense que j’ai su rester cool, conciliant, compréhensif et pas trop sévère tout en prenant mon rôle au sérieux.

Comment votre épouse a-t-elle vécu votre engagement au sein de votre club, de votre commune alors que vous étiez de surcroît à votre compte en tant qu’artisan ?
Robert Tisseuil : J’ai eu beaucoup de chance, elle a toujours respecté mon engagement et fait preuve de tolérance et de patience car c’est vrai, que pour gérer un club, ça mériterait parfois d’y consacrer un temps complet. Si l’on veut suivre l’actualité, les procédures, etc… cela nécessite du sérieux et du temps.

Parmi vos souvenirs heureux, lequel vous vient à l’esprit ?
Robert Tisseuil : Je dirais la demi-finale en Coupe Edely que nous avons eu la chance de disputer. Mais aussi en 2002 le stade de France où nous sommes allés avec deux bus bien remplis pour assister au match France/Belgique.

Quel serait votre souhait le plus cher ?
Robert Tisseuil : Je serais heureux de transmettre, passer le relais. Pour cela il faudrait qu’une personne veuille bien s’investir et durer un peu, ne pas avoir peur de prendre des responsabilités et les assumer, être présent et s’en occuper correctement. Je pense aussi qu’il faut savoir prendre du recul, ne pas réagir à chaud. Ne pas hésiter non plus à suivre une formation si besoin. Transmettre mais être sûr que ce soit entre de bonnes mains.

Reportage réalisé par Isabelle Bonneau
Animatrice de la commission
« Valorisation de l’engagement bénévole »

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