Guy Latapie nous a quittés

Publié le 02/02/2021

Joueur puis entraîneur à Angoulême (National) à deux reprises avant de rejoindre Cognac (CFA2), il était aussi l’éducateur du sports études du lycée Marguerite de Valois d’Angoulême.

Cette fois, Guy Latapie, 69 ans, a perdu son match. Un match contre la maladie qu’il l’affectait depuis 8 ans. Pourtant, il s’est battu jusqu’au bout avec le courage et l’abnégation qui caractérisaient ce Corrézien bon teint. Originaire de Tulle, il était arrivé à Angoulême en 1975 comme joueur. Puis, à la descente de l’ASAC à l’époque en Division 3, le moustachu avait repris les rênes de l’équipe en 84. Durant deux saisons, il aura pour mission la remontée en D2. Raté. Il reste alors en Charente et prend en charge l’équipe de l’UA Cognac qu’il fera monter en CFA2. Il y restera jusqu’en 1992.

Deux ans plus tard, il ne résiste pas à l’appel du pied de son club de coeur. Guy Latapie reprend la suite d’Andrzej Szarmach, l’ancien attaquant auxerrois, lui aussi en échec pour le retour en D2. Il s’appuie sur Eric Guérit, son ancien élève au Lycée Marguerite de Valois, son ancien joueur à l’ASAC qui vient de mettre un terme à sa carrière professionnelle avec les Girondins de Bordeaux. Et après une première saison de transition, Guy Latapie et sa troupe vont échouer à deux reprises dans leur quête laissant l’accession à Niort puis à Rodez au goal-average. L’aventure angoumoisine s’arrête là.

Découvreur de talents
Sauf avec sa section sport-études qu’il dirigera de 1977 à 2001 avec un titre de champion de France en 1983. Il verra passer de futurs pros de premier plan comme Fabrice Poulain (Monaco), Pascal Gastien (Niort, Marseille, Nice, aujourd’hui coach à Clermont), Eric Guérit (Nice, Bordeaux dont il est membre de la cellule de recrutement), Charbonnier (Auxerre), Deletang (Monaco), Bastère (Toulouse, Cannes)… En 2001, il lâche l’entraînement pour devenir le référent des sections féminines et masculines jusqu’à sa retraite de l’éducation nationale.

HOMMAGES UNANIMES (recueillis sur CL du 02/02/2021)

Eric Guérit. « C’est une énorme perte. J’ai encore eu une discussion avec lui il y a dix jours. J’ai fait mes trois années de sport-études avec lui et une demi-finale du championnat de France. Ce sont mes meilleures années. Quelque chose d’extraordinaire s’était passé. Mes deux amis les plus proches sont deux anciens du sport-études. Il y avait aussi Pascal Gastien (entraîneur de Clermont, L2). Je suis revenu à Angoulême en 1984–1986 jouer la montée de 3e à 2e division sur deux ans, on avait gardé le statut professionnel. Puis je suis revenu quand j’ai fini ma carrière comme entraîneur adjoint en 1995–1996. Vous imaginez bien l’étroitesse de la relation qu’on avait. C’était mon père spirituel en foot, le mec qui m’a formé. Quand je revenais à Angoulême, je ne sais pas si je revenais pour Angoulême ou pour Guy. Il semblait droit dans ses bottes, raide mais il était juste. On a eu plus de déceptions (que de succès), quand il rate la montée en D2 en 1996 au goal-average. Ça aurait été un coup de chapeau. Il le méritait pour tout ce qu’il a fait. Cette équipe ressemblait beaucoup à Guy, avec du jeu de mouvement, des automatismes. Comme celle de Pascal Gastien à Clermont. Il est mort mais il continue à vivre à travers cet héritage. »

Patrick Frugier. « Je l’ai connu dans les années 70 quand il est arrivé de Corrèze à l’ASAC où je jouais. Il m’avait ensuite demandé d’être son assistant quand l’équipe est descendue de D2 en D3 mais je n’ai pu rester qu’une année. C’était un très bon vivant, mais si je dois garder une image, c’est celle du formateur. Il aurait pu diriger n’importe quel centre de formation de club pro ».

Jean-Cédric Maspimby. « Je lui dois énormément de choses. C’est lui qui a fait le joueur et l’homme que je suis devenu. Il m’a lancé en 1995 alors que je n’avais pas encore 18 ans. Il me connaissait bien car il m’avait eu au sport-études et en 17 ans nationaux. On a fait une saison extraordinaire malgré un effectif réduit de 17 ou 18 joueurs avec cette montée manquée au goal-average. Il avait lancé deux autres jeunes du cru Frédérick Clément et Rudy Péron. C’était un mec très rigoureux. Il savait ce qu’il voulait mettre en place. Au sport-études, il était craint. Il n’a jamais fait de mal à personne mais il savait se faire respecter. Il savait tirer le meilleur de ses joueurs. Le sport-études d’Angoulême n’a jamais été aussi fort qu’à cette période. Il aurait pu faire carrière ailleurs mais il était attaché à sa région, à son poste de professeur. Je l’aimais beaucoup et c’était réciproque je crois. C’était plus compliqué pour ceux qui ne restaient pas dans les rangs (rires). J’étais resté en relation avec lui. Dès que je rentrais en Charente, j’allais lui rendre visite. On parlait de foot 90 % du temps. La dernière fois que je l’avais eu au téléphone, c’était en septembre, il n’allait pas bien. Je m’étais préparé à sa mort mais ça reste un choc. »

Corinne Diacre. « J’ai travaillé avec lui au lycée Marguerite de Valois pour la mise en place de la section sportive féminine en 2003. Au début, il n’était pas forcément très chaud car il n’était pas très foot féminin, c’était nouveau. Moi, j’étais intervenante. Il participait aux détections à l’entrée de la section et aux conseils de classe. À l’époque, il y avait une vingtaine de joueuses. On s’est tout de suite bien entendu. On avait le même caractère. J’aimais sa franchise et sa sincérité.On savait à quoi s’en tenir même si parfois on peut nous le reprocher. Avec le temps, il avait un regard plus positif sur le foot féminin. Il ne manquait pas un match de l’équipe de France et il m’en parlait. Je l’avais eu encore récemment au téléphone. Quand j’étais entraîneur à Clermont, il était venu me voir aussi; il y avait Pascal Gatien qui m’a remplacé ensuite. Quand on parlait foot avec lui, on refaisait le monde, la terre s’arrêtait de tourner. On parlait de management, de nouvelles générations. C’était hyper enrichissant. C’est triste, c’est une vraie perte. »

Brice Pallat. « C’était quelqu’un de strict. C’était la condition pour progresser. À l’entraînement, il nous faisait travailler. Moi j’avais mon métier de poissonnier avec des horaires particuliers mais il fallait quand même être à l’heure aux trois entraînements hebdomadaires. En match, il ne voulait pas que l’on balance de grands ballons devant mais que le ballon circule sur tout le terrain.  À l’époque, j’étais jeune. Il a su tirer le meilleur de notre équipe (Cognac) avec la montée en D4. Il y a eu aussi le match de Coupe de France perdu contre Saint-Seurin (2–1) en 1990. »

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